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Batailles de coqs


Les inspirations anthropologiques... Batailles de coqs
Intriguée par un article de Clifford Geertz, intitulé « Jeu profond, notes sur le combat de coqs à Bali », j’ai décidé de voir comment ce type de combats se déroulaient dans la réalité.
Dès que j’appris qu’à la Réunion existaient également des combats de coqs, j’ai spontannément demandé à prendre part à ce « jeu profond ».
Samedi après-midi. Deux Canons. L’un des quartiers de Saint-Denis, hangar métalique encadré par un parking rempli de voitures blanches et par l’autoroute quatre voies. A l’intérieur, autour d’une arène provisoire, des hommes de différents âges sont assis sur les bancs en bois. Certains d’entre eux ont entre leurs genoux placé leurs coqs.




16h30. Nous sommes sur le seuil du hangar, nous observons et nous sommes observées. Peut-être parce que nous sommes les seules filles présentes à cette « représentation ».


Deux hommes s’avancent l’un vers l’autre, se saluent puis comparent leurs coqs. Il est dix-sept heure. Chacun prend sa place. L’arbitre claque ses mains, donnant un signal aux deux premiers coqs, ou plutôt à leurs propriétaires de commencer le combat.



Les animaux commencent à sauter l’un sur l’autre comme s’ils étaient possédés. Ils se mordent, se griffent, se donnent des coups de becs, font des pirouettes et émettent des bruits étranges.


J’ai demandé à un spectateur combien de temps dure un combat. Il me répond que cela dépend des conditions dans lesquelles se trouvent les coqs. L’affrontement peut durer jusqu’à deux heures.


Heureusement, celui-ci se termine en une heure. Un autre combat, le suivant, est beaucoup plus intéressant. En plus d’animaux qui se battent, le public commence à entrer dans le jeu, participant de plus en plus activement. Les hommes crient, se lèvent, parient. Leurs encouragements se fait en créole : « Bec ali (becquete-le). Deplime son cou (deplume son cou). Mel ali a terre (met le à terre). Et beaucoup beaucoup d’autres encouragements agressifs émanent de ce public si enthousiaste.




A Bali comme à la Réunion, les combats de coqs sont synonymes de paris. Deux sortes de paris existent ; le premier, le pari principal ou singulier, se conclu entre les propriétaires des deux acteurs du combat. Ces propriétaires sont appelés Jocker. Il n’y a pas de limites. La seule limite est peut-être l’épaisseur du porte-feuilles. Pendant le combat que nous avons vu, les jockers ont parié deux cent euros chacun. Quatre cent euros dans les mains de l’arbitre qui récompense le gagnant après le combat. En plus du pari singulier, les spectateurs peuvent accomplir un pari dit secondaire qui généralement ont une mise inférieure. Et c’est justement lorsque les spectateurs parient que les hommes crient particulièrement fort.


Je questionne de nouveau l’un des spectateurs : « Pourquoi n’y a-t-il pas de femmes ici ? Où sont-elles en ce moment ? ». Sa réponse, tranchante : « Les femmes ne sont pas intéressées, et ce n’est pas intéressant pour elles. Elles restent à la maison, elles préparent le dîner. » Ou peut-être se préparent-elles au combat de poules domestiques …(1)



Un combat de coqs à Saint-Denis se tient deux fois par semaine, les samedis et dimanches, dès quatorze heure. Ils s’étendent selon la durée et le nombre de combats.



Qu’est-ce qu’un combat de coqs ? Nous y voyons une représentation symbolique du comportement que les hommes adoptent entre eux. C’est un moyen d’expression qui attire l’attention sur des aspects tels que la mort, la virilité, l’orgueil et la colère, la perte et le succès, et l’accident.
(1) Expression polonaise : « Une poulette domestique » est une expression péjorative pour désigner une femme au foyer.

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